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22.06.11 Albiero/Celora (eds.), Décrire le manuscrit liturgique

22.06.11 Albiero/Celora (eds.), Décrire le manuscrit liturgique


La connaissance des manuscrits liturgiques du Moyen Age nécessite la maîtrise de données techniques parfois difficiles à acquérir pour tout médiéviste désireux de prendre en considération ces sources essentielles de l’histoire médiévale. Il existe plusieurs manuels d’introduction à l’histoire de la liturgie ou bien permettant de se familiariser avec les livres liturgiques médiévaux. Le présent volume propose bien plus que ne le laisse supposer le titre quelque peu réducteur. En effet, ce volume collectif ne vise pas seulement à “décrire le manuscrit liturgique.” Il rassemble des contributions abordant divers thèmes et aspects de l’étude des manuscrits liturgiques du Moyen Age. La grande variété des contributions ne permet pas d’entrer dans le détail de chacune d’elles mais il faut à coup sûr savoir gré aux éditrices leur initiative qui ouvre des voies intéressantes pour la compréhension des livres liturgiques médiévaux.

L’article de Cécile Lanéry qui ouvre le volume marque une étape importante dans la compréhension des manuscrits hagiographiques à usage liturgique, mettant notamment l’accent sur le thème de la fragmentation du récit hagiographique impliquée dans l’adaptation des vies de saints pour la lecture liturgique, suggérant ainsi un parallèle avec les lectures bibliques, en particulier les évangiles, dans les livres de lectures tel que l’évangéliaire. La contribution de Peter Jeffery fait de son côté utilement le point sur les formes prises par les “petits livres” liturgiques et les différents mots qui leur est attribués dans le vocabulaire médiévale de la liturgie. Barbara Haggh-Huglo soulève quant à elle d’importantes questions relatives aux solutions à apporter face aux différents problèmes soulevés par le catalogage des manuscrits liturgiques de la fin du Moyen Age. A ce sujet, l’auteur a raison de soulever les problèmes de choix concernant le catalogage à partir de la date des manuscrits, des additions ou bien encore des enjeux relatifs à l’origine ou bien à la provenance des livres, ou bien leur usage pour une cathédrale, une collégiale, et d’autres types d’institutions et d’édifices. On regrette que cet article ne porte que sur des manuscrits de la seconde moitié, voire de la fin du Moyen Age, étant donné que des questions semblables se posent pour des manuscrits plus anciens dans la période médiévale.

Dans la description des manuscrits liturgiques médiévaux et leur étude, plusieurs savants ont depuis longtemps démontré l’intérêt majeur de prendre en compte les fragments souvent conservés dans des conditions les plus inattendues. Dans ce sens, l’article de Cristina Solidoro n’apporte rien de déterminant qui changerait l’approche des fragments liturgiques d’autant plus que ses considérations d’ordre codicologique ne paraissent pas d’une grande clarté, notamment ce qui est dit au sujet du thème de la “trasformazione” du codex au fragment. Les deux contributions contenues dans la partie “cas d’étude” me paraissent particulièrement significatives du double point de vue de la méthode nécessaire devant être appliquée pour n’importe quel cas particulier, comme pour l’obligation d’acquérir des connaissances techniques afin de traiter correctement des livres liturgiques et comprendre leur complexité générale comme leur rôle dans la compréhension d’un moment de l’histoire médiévale.

La troisième catégorie du volume regroupe des articles portant plus spécifiquement sur les entreprises de catalogage en France et en Italie. On y trouve notamment un article intéressant de Laura Albiero sur la documentation liturgique de Victor Leroquais dont on sait le rôle majeur joué par ce savant dans le catalogage des manuscrits liturgiques. Cet article déçoit quelque peu dans la mesure où, après une brève présentation du parcours de Leroquais, l’auteur soumet une liste “sèche” du contenu des “Cahiers Leroquais” conservés à la Bibliothèque nationale de France dont trop peu de savants connaissent l’existence ou même le grand intérêt pour l’étude de cas particuliers. De son côté, Christian Meyer fait très utilement le point sur le catalogue des manuscrits notés conservés en France. Le lecteur sera également heureux de trouver une présentation de l’Iter Liturgicum Italicum qui doit tant à Dom Barroffio.

Enfin, le volume se termine par une longue présentation d’un protocole de description des manuscrits liturgiques dû aux deux éditrices de l’ouvrage. Dans l’ensemble, ce protocole se révèle être un sérieux instrument de travail qui rendra sans doute de grands services aux non-initiés à cette catégorie de manuscrits médiévaux. Le chercheur aguerri dans ce domaine ne trouvera en revanche que peu d’intérêts à fréquenter ce protocole car trop théorique par bien des aspects. Une dernière remarque critique concerne le choix des entrées de la bibliographie thématique ou la part belle semble avoir subjectivement été accordée aux auteurs privilégiés dans le volume. C’est dommage car cette bibliographie aurait permis de clore de façon élégante un ouvrage qui trouvera sa place dans les recherches sur les manuscrits liturgiques du Moyen Age.