Skip to content
IUScholarWorks Journals
17.01.14, McEwan, Seals in Medieval London 1050-1300

17.01.14, McEwan, Seals in Medieval London 1050-1300


La sigillographie a fortement retenu l'attention des médiévistes anglo-saxons ces derniers temps. En l'espace de quelques années, trois nouveaux volumes ont renouvelé l'approche de la discipline et enrichi nos connaissances dans ce domaine. [1] Le travail de J. McEwan s'inscrit dans la lignée de cette récente historiographie. L'ouvrage qu'il publie se doit d'être un bel outil fonctionnel, destiné à tous les spécialistes des empreintes de cire.

L'introduction de neuf pages permet de présenter les intentions de l'auteur. Le constat est simple: le sceau est omniprésent dans la vie quotidienne des habitants de Londres, et ce, dès le début du XIIIe siècle. Ainsi, il permet, par exemple, de valider les mesures de bière qui ont cours dans la cité. L'autorité des conseillers municipaux étant géographiquement variable, c'est la ville de Londres considérée dans un grand espace qui a été retenue afin de mieux connaître la circulation des sceaux entre 1050 et 1300. Cette ouverture permet de brosser un certain portrait de la société locale et d'appréhender une large communauté urbaine. Il faut souligner que la grande singularité de ce travail réside dans le fait que toutes les empreintes recensées dans ce volume sont encore appendues aux documents d'origine, toutes les pièces sont donc aisées à dater et à identifier. Elles proviennent, pour l'essentiel, de trois grands fonds d'archives: le London Metropolitan Archives (800 empreintes), le St Bartholomew's Hospital Archives (464 empreintes) et The National Archives (600 empreintes) auxquels s'ajoutent des éléments provenant des collèges d'Oxford et de Cambridge ainsi que des Canterbury Cathedral Archives. Au total, c'est un ensemble de plus de 1500 sceaux qui sont ainsi proposés au regard des chercheurs.

Le catalogue en lui-même établit un classement assez conventionnel des différents acteurs du scellement: rois et noblesse (earls), établissements appartenant au clergé séculier et régulier. Il rassemble ensuite les sceaux en relation avec le monde urbain de Londres (citoyens, municipalité, officiers), avant de laisser une large place aux hommes et aux femmes, qu'ils soient identifiés ou qu'ils demeurent encore inconnus. Des relatifs aux différents motifs utilisés (pour la plupart héraldiques), aux fonds d'archives consultés et aux noms patronymiques et toponymiques recensés ponctuent l'ouvrage.

Dans ce vaste corpus, quelques singularités sont à signaler. On relèvera que l'emploi d'une gemme représentant une Victoire est visible pour les années 1180 chez l'orfèvre William, fils de William (1098). La présence de ces artisans est d'ailleurs bien attestée dans le Londres médiéval: un factor sigillorum est mentionné en 1253. En outre, le terme sigillarius apparaît de temps à autre dans la documentation de la fin du XIIIe siècle, illustrant ainsi la large place tenue par les graveurs de sceau dans cette agglomération.

La portée juridique du sceau est rappelée à travers le lien étroit qu'il entretient avec le nom du sigillant. Ainsi, au début du XIIIe siècle, Jeanne apparaît à la fois comme fille de Geoffrey Blund sur un classique sceau en mandorle (1286) et comme femme de Henry de Rayner sur une autre empreinte, triangulaire cette fois-ci (1288). Devenue veuve, elle est à nouveau la fille de son père (1287). Quant au notable Simon, il possède une matrice sur laquelle il est fils de Gauthier (858), une autre où il est fils de Marie (859) avant d'adopter une troisième matrice sur laquelle une Vierge à l'enfant en fait spirituellement un enfant de Marie (860).

Enfin, certains motifs connaissent un évident effet de mode: ainsi en est-il de la fleur de lis communément adoptée au cours du XIIIe siècle avant qu'elle ne tombe en désuétude au siècle suivant [XI]. Le développement de l'héraldique à travers la présence d'un écu armorié paraît être l'une des observations les plus manifestes pour la période concernée. En revanche, même si la pratique demeure rare, on peut constater que quelques membres de l'élite urbaine (maires, édiles ou shériffs) n'hésitent pas à adopter un type équestre de chasse ou de guerre (331, 652, 659).

D'un point de vue formel, on peut déplorer dans ce livre la petite taille des images de 4 x 4 cm (qui, heureusement, sont en couleurs) et le caractère très succinct, pour ne pas dire lapidaire, des données qui les accompagnent (nom du sigillant, iconographie du champ, légende, dimensions, cote d'archives et catalogues de publication). A parcourir les pages du volume, on ressent assez vite les effets de l'accumulation sommaire des entrées qui ne sont guère mises en valeur par cette présentation bien peu agréable à regarder. Il est dommage que l'éditeur n'ait pas pris la peine d'accorder un format digne de ce nom à un document médiéval qui se définit avant tout comme un signe visuel ! Même si l'objectif de départ est de dresser un catalogue, il est dommage que les photographies n'en donnent qu'un modeste aperçu.

Ces quelques remarques n'enlèvent rien à la qualité de l'effort accompli, un nouveau corpus nous est livré et nous ne pouvons qu'en féliciter l'auteur. Depuis la fin du XIXe siècle, seule une très faible part des sceaux produits en Grande-Bretagne a été cataloguée ou publiée. Cette édition vient donc combler une importante lacune. Espérons qu'elle invitera d'autres chercheurs à poursuivre cette entreprise sur le long terme.

----------------

Note:

1. Noël Adams, John Cherry, James Robinson (eds.), Good Impressions: Image and Authority in Medieval Seals (London: The British Museum, 2008); Phillipp Schofield (ed.), Seals and their Context in the Middle Ages (Oxford-Philadelphia: Oxbow Books, 2015); Susan Solway, (ed.), Medieval Coins and Seals. Constructing Identity, Signifying Power (Turnhout: Brepols, 2015).