La traduction face aux Romans de Mélusine de Jean d’Arras et Couldrette
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Abstract
Une tradition proprement française de la traduction conduirait à ne pas traduire, mais à s’approprier le texte-source, à l’embellir. Ce non-traduire français n’épargne pas le médiéviste national. D’autant qu’il rêve de gommer ainsi l’écart entre la littérature médiévale et la culture contemporaine. La thèse du “même au même” fonde ce point de vue dans le champ de la langue et celui de la traduction. Conséquence ? Pendant longtemps, la traduction des oeuvres médiévales a semblé mineure aux yeux des médiévistes. Mais qu’en disent les
publications bilingues (et “intralinguales”) qui fleurissent depuis plusieurs années? Quelles stratégies et quels stéréotypes fondent leur pratique ? Pour ce qui concerne les deux romans de Mélusine, tenant à faire de l’altérité une vertu, Matthew Morris et moi-même avons souhaité traduire en gardant la “bonne distance”, aussi bien vis à vis du respect de la lettre du texte médiéval que du penchant ethno-centriste à en faire une oeuvre contemporaine. Nos deux traductions, par ailleurs, se sont appuyées sur l’idée selon laquelle une traduction est une transformation maîtrisée par le souci de servir le sens de l’oeuvre. Cet article montre alors comment ces principes généraux ont inspiré, de façon différente, nos traductions particulières, celle de la prose de Jean d’Arras et celle des vers de Couldrette. Ainsi a-t-on espéré faire de nos traductions des aventures de Mélusine et de ses fils autre chose qu’un simple
exercice technique : une activité linguistique qui engage des choix esthétiques et culturels fondamentaux et évite le regrettable non-traduire français.
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